9/27/2006

Chroniques de l'espace et du temps

Tout est bien. Les cheveux lichés, la cravate bien mise. J'ai même enlevé les poils sur mon veston. Je suis un superstar sur son 34.
C'est indéniable.

La nature nous dote ainsi que, dans mon cas, les déplacements sont sévères. Je côtoie le peuple, le petit et le grand, une bonne heure et demi par jour. Ailleurs, on doit monter sur le toît. Ici, confortablement posé, je prends deux sièges. C'est un priviligège que je m'arroge. La seconde place est pour mon égo.

* * *

Stiglitz n'arrête plus. Il assassine tour à tour tout le monde. Les States, l'Europe, le Japon. Même le gentil Stephen Harper y passe. Il restera peut être seul dans la clique sélecte du jet-set-club-sauvant-le-monde. On pourrait faire un grand Porto Allegre [quoique cette année c'est en Inde], mais le déménager à Davos. Je suis pas certain que les bistros suisses apprécieront tout ce remue-ménage [on pourrait dire méninges mais vu que c'est surtout des gogauches sans rigueur, on s'en tiendra à ménage]
Gageons d'ailleurs qu'il y aura des poubelles (vertes, bleues, rouges, noires) un peu partout...

Ceci dit, ça serait une excellente occasion de cramer quelque chose dans le crâne de Laure Waridel qui, au lieu de se promener partout, de se mériter plein de prix et d'écrire des livres insipides comme "acheter, c'est voter" devrait peut-être ouvrir un bon livre d'économie de l'environnement. Cramer est donc le mot approprié (CQFD faible).

J'oserais pas dire - ah tiens, osons - pour ne pas rappeller un certain Sylvain Lajoie [à ne pas confondre avec l'illustre mathématicien Guillaume Lajoie, 1982- ] que je vous promet une "destruction" en bonne et due forme de ladite Waridel.

Patience, patience...

* * *

J'arrive donc à mon très important meeting. Je rentre ma cravate sous ma ceinture, question d'avoir l'air prêt. Je marche lentement, pour que mes pantalons tombent bien sur mes souliers électriques.
Je me remémore les quelques trucs que j'ai lu en m'en venant question d'avoir l'air à l'affût du monde, de ce qu'y s'y passe.
Des fois il faut jouer dans la cour des grands le jeu des grands. Maître Paquette appelle cela des rites de passage. Parce que c'est vrai qu'une fois rendu dans ce fameux monde des grands, on réalise que rien n'est très spectaculaire. Sur le passage, donc, j'adhère.

Le jeu est un élément frictionnel.
Comme un volcan, entre deux plaques techtoniques.

* * *

Je rentre aux toilettes. Cheveux biens lichés. Je passe acheter de la gomme.
Toilettes encore. Les cheveux sont bien, lichés. La ceinture, la cravate.

J'y vais.

Dans le corridor je croise un professeur.
Il ne sait pas. Il y a tellement de cocktails de ces temps-ci. Horaire booké, pas le temps pour les courriels. Je sais qu'il joue au jeu du monsieur occupé, car les profs doivent se garder au moins ça en dernier recours. Enfin, il ne sait pas de quoi je lui parle.

Moi non plus je ne sais plus.

Je marche. À reculons. Je fais le tour. Partout. Je ne savais pas où c'était. Mais là où ç'aurait été, où ce devrait être, il n'y a rien. En fait, tout est vide. Il est 18h, et à 18h tout le monde est parti quand il n'y a pas de cocktail pour les retenir.

Il n'y a pas de cocktail. Il n'y a personne. Pas de cocktail. C'était quand le cocktail? À 18h, le cocktail. 3e étage. Il n'y a personne. Le professeur pas au courant. Personne. Cocktail. 18h. Prof. 18h. Cocktail. Ah oui. Hum.

Le 4 octobre, c'est quand au juste?

9/26/2006

De quelle couleur est votre parachute?


Je marche sous le ciel d’automne.
Sur la terre d’été, qui n’a pas fini de refroidir.
Par-ci par-là, ça traîne un peu partout. Papiers, bouteilles, mégots.

« Scuze, t’aurè pas vintssintsenne? »
Il traîne, lui aussi, un peu partout.
« Euh, oui, c’est-à-dire… non. Prenez-vous Interac? »

J’ai une bouteille d’Orangina dans la main. Je la lui tend. Elle est vide.
Orangina, ah quelle passion de boire. 12% de jus, 2% de pulpe.
J’ai ma petite idée sur la différence.

La bouteille est en vitre.
« Si je te donne un quart de dollar, tu lui trouves un bac? »

…pas de vision collective du recyclage.
Chacun entretient sa petite poubelle colorée.
Recycler, c’est comme faire du bricolage.
Retour massif à la maternelle pour se l’inculquer…

On pourrait peut-être recycler les hommes aussi.
Ça se fait déjà, de toute façon.

Ça s’appelle la thermodynamique.

9/25/2006

Le recours au futile

M'enfin, il me fallait bien un quelque part où disséminer à mon tour, dans toute la quiétude que vous me déroberez avec plaisir ma propriété intellectuelle, quelques bribes de mon moi en devenir.

Stiglitz (Nobel Économie, 2001), nous rappelle quelques évidences :
- "It is not unfair to be poor and have low wages; it is unfortunate"
- "the world is not flat" (en réponse à T.L. Friedman et non à la défense d'un certain Galilée, qui est mort de toute façon)
- "even if Korean farmers became the most efficient rice producers in the World, their incomes would still be limited"

Tout cela n'est pas sans lien avec un certain septembre, qu'un certain B. pourrait, dans toute sa maladresse, qualifier de Septembre Rouge. Attendons encore un peu, il saisira assurément sa chance.

Pour alléger un peu l'atmosphère après des remarques d'une telle austérité, permettez-moi de vous suggérer un webzine (peut-être bientôt paperzine, qui sait?!) dont le site fonctionne assez souvent, p45.ca ...
Je découvre d'ailleurs sans une certaine allégresse que ma comparse Catherine (petitecatherine/blogspot.com) en est une... collaboratrice!

Enfin, c'est en septembre que Nietzsche écrivit à son ami Overbeck: Sum in puncto desperationis. Dolor vincit vitam voluntatemque.

Je n'aurais osé en dire autant.